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Dialogue avec Sylvie Cotton et Mélanie Perrier

Comment s’opère vos protocoles d’invitation ?

ils ont varié d’un projet à l’autre et ils sont généralement très simples : soit les organisateurs s’occupent de trouver des participants en diffusant des annonces, soit je les trouve moi-même au hasard de mes déambulations (café, rue, connaissances), soit ils sont déjà sur le lieu d’un événement dans le cas où il s’agit d’un projet ponctuel auquel un public est de toute manière convié.

Comment envisager la place de l’autre dans votre travail ?

Sans l’autre, il n’y a pas d’oeuvre. même si un artiste fait de la peinture selon la plus orthodoxe des traditions, il n’est rien sans l’autre. c’est pourquoi j’en reviens souvent à citer filiou à propos de la vie qui rend l’art si intéressant. j’imagine que vous connaissez sa célèbre formule. on peut pousser et dire en résumant que sans l’autre on est rien (artiste ou non-artiste), ce qui rejoint la notion bouddhiste de non-soi ou dite de vacuité (rien n’a une existence séparée). filiou d’ailleurs a fini ses jours dans un monastère boudhiste ! je viens de terminer un projet qui consiste en un livre contenant le nom de toutes les personnes rencontrées dans ma vie dont je me souviens et qui s’intitule : être est dans l’autre. ça parle aussi de cette façon de voir la place des autres dans nos existences, nos projets.

Définissez-vous un temps particulier pour chacune de vos ballades, actions, performances ?

pour les promenades, la plupart du temps je propose que nous passions un minimum de trois heures ensemble les participants et moi. parce que je considère que c’est le temps nécessaire pour installer une complicité minimale, un abandon qui fait qu’on peut déjà sentir une vraie présence et s’engager dans un vrai échange. pour d’autres projets, le théoreme des sylvie (je cherche d’autres sylvie au téléphone pour converser sur nos identités) et suppléances (j’expose mes liens et mes appartenances en cédant la galerie aux activités d’autres personnes que j’ai choisi de rendre visibles), j’ai carrément utilisé le temps de durée de la plage d’exposition qu’on m’offrait dans la galerie, ce qui correspond à 5 et 6 semaines pour la durée des actions.

Vous avez surement d‚autres actions qui poursuivent la piste de Blind Journey ?

j’ai mené plusieurs actions à partir de la simple condition d’être à l’aveugle. le projet promenades (événement de l’organisation fado à toronto), deux actions dans des ascenseurs les yeux bandés (helsinki et montréal) et une autre dans un cubicule où nous étions tous les deux (participants et moi) yeux bandés.