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FOCUS 2 : Contraindre

Si pour l’artiste de cirque, le corps est encore une source de dépassement, la conception d’un corps de l’effort et de virtuosité a depuis plusieurs décennies déjà était dépassée par la danse et les arts plastiques, ouvrant sur d’autres modes de corporéité. Si le corps n’est plus uniquement disciplinaire, force est de reconnaître que tant en Arts plastiques qu’en spectacle vivant, le corps se voit soumis à d’autres risques qui président les formes constituées. On ne parle plus de dépassement de soi, mais d’épuisement, plus de virtuosité mais de dispositifs anti-gravitaires. Ce focus est l’occasion de revenir sur certains dispositifs et scénographies contraignantes, qui conjuguent le corps de l’artiste ou de l’interprète avec de nouvelles situations performatives.

La contrainte s’impose pour chacun des démarches proposées comme fondateur de la création. Elle délimite le champ des possibles du mouvement, de la narration, de la forme. La contrainte est tantôt spatiale ( scénographie restreinte que le corps de l’artiste habite et à partir de laquelle les mouvements s’inventent) tantôt outillage du corps ( enveloppe ou suspension du corps même), tantôt chorégraphique ( répétition épuisante).

Commissaire d’exposition et edition : Melanie Perrier

Le corps asphyxié

/////////////////// Cecilia Bengolea /François Chaignaud, les SYLPHIDES (2009)

"Les sylphides sont des êtres immatériels, fruits de l’imagination des humains et médiums entre les mondes (principalement entre celui des morts et celui des vivants mais aussi celui des fantasmes et celui de la réalité, du possible et de l’impossible…). objet d’un véritable engouement littéraire au XVIIIe siècle et chorégraphique au XIXe siècle, la fi gure de la sylphide apparaît aujourd’hui encore comme une clé et une énigme majeure de notre imaginaire. En posant la question de la matérialité du corps, de la vie après la mort et du rapport que l’on entretient avec les morts et leurs enveloppes corporelles, les sylphides interrogent certains des grands invariants de la pensée occidentale : le dualisme, le temps linéaire, le rationalisme…"


SYLPHIDES

/////////////////// Sylvain Decure, Demain, je ne sais plus rien (2010)

Sur scène, l’artiste est seul dans une cabine de verre remplie de sacs plastiques légères comme des plumes. Ce solo mêlant mime et chorégraphie acrobatique asphyxiée, a une dimension physique importante. .

Solo de Sylvain Decure, dirigé par Christophe Huysman En compagnonnage avec la compagnie Les Hommes penchés.

Le corps épuisé

/////////////////// Anne Vignier+Frank Aperthet/ Les Gens d’Uterpan, X Event (chute)

La chute comme protocole, comme jetée des corps. La chute devient l’instant d’un impact mis en répétition jusqu’à l’épuisement des danseur/ses http://www.lesgensduterpan.com/

/////////////////// David Bobee, Warm (2009)

Warm est une performance acrobatique avec deux murs de projecteurs encadrant l’espace de jeu. La disposition de ces projecteurs face à face produit d’une part, une belle densité de lumière et d’autre part, une chaleur étouffante. C’est un duo de portés, de mains à mains, d’équilibres tout en douceur et en sensualité : deux corps d’hommes en contact, entre forces et relâchements, équilibres, semi-nudité, transpiration, suspensions...

"On est dans le réel, la limite est vraiment testée", explique Frédéric Arsenault, l’un des interprètes. "Un médecin m’avait dit que c’était de la folie, même les militaires, on prend soin de ne pas les faire marcher en plein soleil ! Il m’avait conseillé de prendre des sels minéraux, histoire de ne pas me déshydrater trop vite."

Warm© Stéphane Babi Aubert ©P.Gondard

Vidéo

Le corps anti-gravitaire

/////////////////// Laurent Chanel,(voirbarré)3 (2009)

(voirbarré)3 expose le corps dans son rapport physique au monde, ses perceptions haptiques, prisme de notre relation fondamentale à la gravité. Conçu comme une attraction foraine, (voirbarré)3 est un laboratoire expérimental qui modélise la perception du vertige. L’oeuvre manifeste ,en volume et en temps réel, la sensation d’une chute infinie ; voyage dans l’intimité de nos perceptions.

http://www.a-r-n.org/

/////////////////// Julie Nioche,, Les solitudes (2010)

Nos solitudes est une oeuvre imaginée par Julie Nioche autour d’un corps suspendu. Dans un rapport nouveau à l’espace et à la gravité, ce corps fait l’expérience de la solitude grâce à ce référentiel inhabituel. La danse déborde vers une métaphore scénique de nos attaches, nos liens et nos appuis. Julie Nioche a demandé à de proches collaborateurs de l’accompagner avec leurs imaginaires et leurs propres solitudes. Nos solitudes parle de ces temps où l’on se regroupe en soi-même pour trouver un peu de réconfort, pour trouver une solution ne dépendant plus de personne, la solution la plus proche de soi. C’est à travers le temps compté du spectacle que la danse se construira de l’une à l’autre de Nos solitudes et tentera de ramener chacun à une écoute de lui-même par un envol, parce que c’est un saut dans le vide que de s’écouter, se faire confiance et de s’en contenter.

©Agathe Poupeney

VIDEO >>>

Prochaines Dates : 2011
- 10 novembre - DSN - Scène Nationale de Dieppe - France
- 22 novembre - Festival Instances - Espace des arts - Scène nationale de Chalons-sur-saône - France
- 24,25,26 novembre - Le Forum, scène conventionnée in Blanc-Mesnil -

2012

- 13 janvier - Hangar 23 - Rouen - France
- 17 février - Le Volcan - Scène nationale du Havre - France

/////////////////// Myriam Gourfink, Contraindre (2004)

Pièce pour deux danseuses, Contraindre intègre le public dans le dispositif de la partition chorégraphique, non pas en l’invitant à circuler librement, mais en lui assignant des espaces particuliers en résonance avec la division de l’espace impliquée par les mouvements des danseuses. Le spectateur se trouve lui aussi contraint à une posture : il s’agit de lui faire éprouver plus que de lui montrer. Les danseuses Cindy Van Acker et Carole Garriga évoluent dans deux espaces réduits à des sphères abstraites éloignées l’une de l’autre. La musique, composée par Kasper T. Toeplitz, sculpte l’espace, elle se fait parois, murs d’un nouvel état d’être.

la chorégraphe vise l’invention d’un « métalangage chorégraphique » qui est relié à une perception particulière de l’espace en fonction de la possibilité pour l’interprète de lire une partition activée en temps réel :

« On doit pouvoir représenter (...) un espace autour du danseur divisé en 17, en 11, ou en 5, afin de multiplier les possibilités de clefs de lecture de la partition, celle-ci n’est pas forcément lue avec les paramètres « Laban » qui héritent de la disposition classique des directions : en croix : devant, derrière, gauche, droite ... Un langage permettant non seulement d’indiquer la situation d’arrivée d ?un mouvement (le but à atteindre), mais aussi l’amplitude ou le parcours angulaire d’un mouvement ».

Site +

/////////////////// Auréline Roy, contraintes et pressions, (2011)

Performeur issue des arts plastiques, son travail explore les possibilités et docilités du corps contraint comme vecteur du mouvement. La performance lui permet de considérer le corps comme objet, support et matériau, et d’explorer ses réactions face aux contraintes les plus diverses. Elle cherche à déterminer le degré de conscience (ou d’inconscience) de l’acte chorégraphique et de la trouver des réponses à sa question de départ : qu’est ce qui pousse le corps à se mouvoir ?

Face aux contraintes imposées par sa propre volonté, son corps se défend en produisant des réactions en chaîne et des séries de mouvements structurés en gestes simples, répétitifs, obsessifs. Ces reflexes deviennent des éléments de langage pouvant se traduire en écriture chorégraphique et emprunter des formes les plus diverses.

Elle a été accueillie en résidence de création au Théâtre de Vanves afin d’un créer son premier solo « chorégraphique » intitulée Contraintes et Pressions qui vise à explorer les problématiques du corps contraint, présenté en février 2011 dans le cadre du Festival Artdanthé.

Pour prolonger :

A voir dans le cadre du Festival Plastique Danse Flore, 16-18 Septembre 2011 le solo de Kevin Jean, la 36e chambre.Les pieds dans des garrots de pendaison, Kevin Jean part du sol puis se suspend au bout d’une corde, tête en bas, avec pour contrepoids un bidon

Quelques pistes supplémentaires :

- Kitsou Dubois
- Maria Donata d’urso,Collection Particulière
- Pierre Rigal , Press
- Angela Laurier
- Elisabeth Strumb
- Jean Baptiste André

Et autres généalogies :

- Chris Burden,Trans-Fixed (1974)
- Rosario Argentino
- Stelarc
- Dennis Oppenheim, Parallel Stress, (1970)

Pour poursuivre la réflexion, quelques lectures :

- Y. Michaud, « Corps mécanisé, corps défiguré, corps de beauté » in Histoire du corps, Les mutations du regard. Le XXe siècle, Paris, Seuil, 2006

- Michel Foucault, "Corps dociles", in Surveiller et Punir, Ed. Gallimard

- Le cirque au risque de l’art, ouvrage dirigé par Emmanuel Wallon, avec la collaboration de Caroline Hodak.

- Hors limites, l’art et la vie, 1952-1994, cat. d’exp. Paris : centre Georges-Pompidou, 1994. Ruptures et nouvelles attitudes, le corps comme lieu interactif de l’art.

- Felix Ruckert : "On Dance and BDSM"

Merci à tous les artistes qui ont participé à ce Focus