Arman est un artiste d’origine niçoise naturalisé américain mort en 2005 . Il est connu pour ces accumulations d’objets ainsi que ses célèbres colères. Il est regroupé parmi les artistes nouveaux réalistes, groupe qu’il fonde avec César notamment.
Arman étudie à l’École des Arts décoratifs de Nice où il rencontre Yves Klein , puis à l’École du Louvre. Ses oeuvres impliquant la destruction sont en fait le résultat de cette destruction. La destruction prend la forme de colères, de coupes ou de combustions . Arman s’est intéressé au statut de l’objet et au rapport que les sociétés modernes entretiennent avec celui-ci, entre sacralisation et consommation.
Arman découpe au chalumeau des bronzes comme la venus de Milo ou d’autres statues connues dans le même sens et avec le même espacement entre les coupes pour en faire des plans successifs verticaux, soit dans le sens avant-arrière soit dans l’axe gauche-droit de l’objet. Arman montre des objets issus de la société de consommation, des sculptures que l’on peu avoir en modèle réduit dans des boutiques de souvenirs. . Ces statues sont reliées par des charnières de même métal qui permettent à l’oeuvre de se réassembler ou se décomposer à volonté. Les statues obtenues ressemblent à des sculptures surréalistes, elles partagent leur étrangeté avec les statues à tiroirs de Dali Elles ne sont donc pas fixée dans un état bien précis mais peuvent s’éclater de plusieurs façons. Arman qualifie son attitude à la fois de surréaliste, cubiste et dadaïste.
Les sculptures font aussi penser à des prises de vues cinétiques . Comme le nu descendant l’escalier de Duchamp , les sculptures montrent le mouvement des corps.
Il procède de cette manière aussi bien sur des violons, des cors ou d’autres instruments de musique, des montres, des sculptures en bronze classiques.
Les recomposition éclatées des violons ou des contrebasses font penser aux tableaux cubistes de Picasso dans la période analytique.
De nombreuses sculptures d’Arman comportent ces découpes de sculptures anthropomorphes ou animales et des morceau d’objets (violons, marteaux), horloges inclus dans l’oeuvre . Lorsque l’oeuvre montre des violons ou lorsqu’il y a incrustation de morceaux de violons , ceux-ci peuvent être issus de vrais violons détruits ou de morceaux de violons moulés en bronze.
Arman fait se côtoyer sculptures classiques et groupes d’objets semblables. Ces oeuvres étrange questionnent l’esprit. Une autre facette de l’artiste se dévoile : l’accumulation.
Il casse, brise, scie ou frappe à coup de hache ou de masse des objets . Les débris servent ensuite à une composition sur une toile, parfois Arman les trempe dans la peinture et en s’en sert comme tampon pour obtenir des traces picturales des objets.
Les célèbres colères d’Arman mettent en scène l’artiste qui détruit des objets violemment à titre de performance soit dans le cadre d’un vernissage, soit pour un reportage. Les tableaux qui résultent de ses colères sont des sortes de tableaux fantômes des objets.
La destruction comme la découpe sont paradoxalement pour Arman une étape vers la création d’oeuvres. Arman a pratiqué le Judo avec son ami Yves Klein, il l’a même enseigné dans une école à Madrid, il y a donc pour Arman un engagement personnel de son côté violent. Il ne s’agit pas de détruire froidement mais bien de laisser la rage sortir. D’ailleurs, Arman a vécu certaines colères comme des vrais combats . Chopin’s Waterloo est le titre d’une oeuvre concrète et aussi le titre du happening qui en est l’origine. Dans cette performance réalisée à la galerie Saqqarah à Gstaad en Suisse, Arman détruit un piano à la masse. Cette colère à l’encontre des instruments de musique, Arman l’explique par une expérience personnelle négative et admirative de la musique. L’exposition qui montre ce geste de destruction lors de son vernissage s’appelle d’ailleurs Musical Rage. Avec la philosophie et la rage du Judo, Arman détruit avec art, afin d’approcher les objets d’une autre façon, de les analyser.
Les débris ont été ensuite rassemblés et composés sur un grand tableau à fond rouge. Le résultat est fouillé et éclaté, c’est une trace figée de l’acte de destruction.
Durant le premier festival du nouveau réalisme, Arman détruit sous le regard des caméras, un intérieur bourgeois style Henri II.
Il a fait brûler un fauteuil d’intérieur bourgeois et l’expose dans un bloc de verre. Il fait pareil pour un prie-Dieu et un piano, toujours en tant que procédé pour créer une oeuvre et en tant que performance.
Arman est un artiste majeur du mouvement nouveau réaliste. Il ne cesse d’interroger le spectateur avec ses désirs d’aller au delà de la présentation normale du simple objet manufacturé. La destruction est une de ses méthode pour percer le mystère de ces objets familiers. Mais il a aussi recours à l’accumulation .
Sources : http://www.arman-studio.com/