le son des gestes

George Brecht, incidental Music ( 1961)

brecht essaie dans cette pièce/performance de séparer les sons des gestes qui les produisent. chaque son produit est l’effet secondaire d’une action n’ayant aucun but musical : changer le fauteuil de place, empiler des cubes en bois, scotcher des haricots. La musique devient ici un "incident", une simple contingence des gestes.

Cinq pièces pour piano

N’importe quels nombres peuvent être joués successivement ou simultanément, dans n’im- porte quel ordre ou combinaison, l’une l’autre ou avec d’autres pièces.

1. Le fauteuil du piano est incliné sur sa base et amené à reposer contre une partie du piano.

2. Cubes de bois. Un petit cube de bois est placé à l’intérieur du piano. Un bloc est placé sur ce bloc, puis un troisième sur le second, ainsi de suite, un par un, jusqu’à ce qu’au moins un bloc tombe de la colonne.

3. Photographier la situation du piano.

4. Trois pois ou haricots séchés sont laissés tomber, l’un après l’autre, sur le clavier. Cha- que graine qui reste sur le clavier est attachée à la ou les touches les plus proches avec un seul morceau de ruban autocollant.

5. Le fauteuil du piano est disposé de manière appropriée, l’exécutant s’assied.

Gestes d’orchestre

Olivier Benoit, chef d’orchestre

Depuis dix ans, Olivier Benoit dirige l’orchestre la pieuvre , un des rares orchestres permanent en Europe dans son domaine. Pour cet ensemble, il déve- loppe un vocabulaire de signes origi- nal. Un art de communiquer permettant de faire corps avec ses musiciens pour une “inter-(ré)activité” entre le geste et le son, entre le son et le geste. Mouvements, regards et mimiques : tous les moyens corporels concourent à cette création. Le choix de l’interactivité, entre chef d’orchestre et musiciens fait de cet ensemble singulier un véritable espace de recherche.

Riche de cette expérience, Olivier Benoit transmet ce mode de jeu à différentes formations. Le concert proposé à Metz est le résul- tat d’une semaine de workshop avec des musiciens de la région. Vous y décou- vrirez un ensemble musical inédit pour un concert chorégraphique à l’énergie palpable.

Xavier Le Roy, le sacre (2007)

Ce projet est né en observant l’Orchestre Philharmonique de Berlin lors d’une répétition du "Sacre du Printemps" (documentée dans le dvd "Rhythm is it") . Intéressé par les mouvements du chef d’orchestre, Xavier Le Roy décide de travailler sur ce grand classique Stravinsky. Sans aucune formation musicale, il entreprend d’étudier la prestation d’un chef d’orchestre comme une chorégraphie en soi dans laquelle les gestes semblent à la fois produire et être produits par la musique. Cette intention brouille les relations entre cause et fonctions des mouvements et questionne. Quel est le précédé et le précédant : le son, le mouvement, l’intention de bouger, les motricités du jeu ? Quand joue t’on et quand est-on joué par la motilité de cette musique ? Combien notre plaisir d’écouter de la musique live convoque désir et attente de réactiver la machine synchronisante voir/entendre ? Dans l’écoute, il y a autant de corps que de rôles et de perspectives : les musiciens, le chef d’orchestre, les spectateurs. Si entendre fait partie d’une expérience incarnée, n’est-ce pas inévitablement une expérience viscérale du mouvement et du son ?