18 Happenings in 6 parts est une performance organisée par l’artiste américain Allan Kaprow (1927-2006) à la galerie Reuben de New York en 1959.
Historiquement considérée comme la « première » d’un genre nouveau (la performance), A la fois improvisés et parfaitement mis en scène et écrites par Kaprow, ces happenings marquent un point de non-retour, au-delà duquel les limites traditionnellement attribuées à différentes formes d’expression (peinture, danse, musique, théâtre, poésie) implosèrent définitivement. Cela donnera naissance à une catégorie d’œuvre qui transforme le rôle du public, les rapports entre les arts et la frontière entre l’art et ce qui n’en est pas.
La conception des 18 Happenings intensifiait également une participation potentielle du public qu’il s’agissait de libérer de son rôle de spectateur passif. Un tract précise le déroulement du happening et le rôle de chacun, y compris des spectateurs. Des instructions avaient ainsi été distribuées aux public à son arrivée en 1959 : différents placements délimités entre chaque scène, ne pas applaudir...) . Dans un espace divisé en six, trois happenings indépendants se déroulaient. Le public était confronté à ces actions fragmentées dans un ordre délimité. Kaprow parle et joue d’un instrument de musique. Rosalyn Montague parle et marche, Shirley Prendergast et Janet Weinberger marchent et jouent d’un instrument, Robert Whitman parle, marche et joue à un jeu. Sam Francis, Red Grooms, Lester R. Thompson peignent des toiles vierges.
Pour Kaprow, ces indications pour le public représentaient une voie pour la libération finale de l’art et du spectateur telle qu’il la concevait alors dans la réalisation d’un « art totalement nouveau. » Un art, disait-il, qui, tout comme les peintures de Mondrian, « se dissoudrait dans une sorte d’équivalent de la vie ». À ce titre, Kaprow a toujours résisté à l’identification de son œuvre au genre du happening et de la performance.